Autrefois – mais au fond, il n’y a pas si longtemps, puisque les parents de nos grands-parents l’ont fait -, les paysans rentraient la forêt dans la maison. Ils emplissaient des brassées de feuilles sèches, de châtaignier, de noisetier, de charme, de frondaisons crissantes, dans les matelas, les oreillers, les édredons.
On appelait ça la “plume à loup”. Ça craquait, ça se froissait, ça murmurait, comme quand on marche dans les sous-bois. Ils s’enfouissaient dans les parfums sylvestres et leurs rêves s’imprégnaient de vent, de fuites furtives et de chants d’oiseaux. Les écureuils, les belettes, les lièvres… tout un petit peuple y gambadait et visitait leur sommeil et les fées sauvages et les faunes les emmenaient loin, auprès du Vieux Sage des chênes qui raconte assis sur son trône de racines. Si bien qu’au petit matin, lorsqu’ils se réveillaient, ils se trouvaient riches d’histoires et de contes poussés au petit bonheur pendant la nuit… et qu’ils rapportaient ensuite à leur tour.
On dit que c’est ainsi que sont nés les contes populaires.